« Passion is the new sexy ». Ceci est le titre d’un article que j’ai écrit il y a quelques années sur cette plateforme. Je m’insurgeais a priori sur le fait qu’on prétendait que « vivre sa passion » était devenu le Saint Graal d’une vie réussie.
Aujourd’hui encore, je reste dans une certaine mesure fidèle à ce parti-pris mais dans une certaine mesure seulement. En effet, j’ai réalisé et je crois avec fermeté que je posais le problème ou la problématique à l’envers.
Au-delà de l’évolution personnelle de ma vie, un documentaire regardé récemment sur Netflix, a renforcé cette conviction. Il s’agit de « The Black Godfather », qui étudie le parcours de Clarence AVANT, un faiseur de rois et une icone inclassable dans l’industrie du divertissement (musique, télé et cinéma) et de la politique.
En effet, ma conviction actuelle est désormais que de la mission ou raison d’être, naît la passion.
1. Clarence AVANT, un personnage d’exception
Clarence Avant naît il y a très longtemps aux Etats-Unis (je veux que vous alliez regarder le documentaire sourire). Il est noir américain et naît dans le Sud profond. Un départ précipité de la maison familiale lui permet de se retrouver dans le Nord, moins ségrégationniste et il saisira cette opportunité donnée par le destin pour progressivement construire sa voie.
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Ce que le documentaire démontre et qui me marque aisément sur le personnage, c’est qu’au fond, il ne s’est jamais défini selon sa couleur. L’un des seuls événements qui l’a affecté est aussi celui qui lui a permis de définitivement faire fi de sa couleur. En effet, l’assassinat du jeune Emmet HILL en 1955, l’a révolté et il s’est permis sur son lieu de service de déclarer à haute voix sa haine contre les Blancs. Il pensait qu’il serait renvoyé pour cette audace mais la réaction compatissante de son employeur blanc, lui a permis de remettre les choses en perspective.
2. Être humain avant tout
Clarence Avant s’est donc consacré pour le reste de sa vie à être avant tout HUMAIN. Il n’a jamais eu peur d’exprimer sa pensée, mais surtout il n’a plus jamais eu peur de ses rêves. Il a réalisé qu’il s’agissait avant tout de faire ce qu’il avait à faire, s’il pensait le faire.
Il allait vers tous, et a su par la force des choses s’imposer dans des environnements initialement occupés par les personnes de race blanche, en devenant agent musical.
Cet état d’humain, il le traduisait et le traduit d’ailleurs dans le documentaire par ce qu’il faisait. Ainsi, il rappelle que pour lui tout a toujours été question de business. Comment réaliser, négocier ou décrocher l’affaire et comment maximiser son bénéfice. De ce fait, il a toujours su identifier les poules aux œufs d’or ou créer les opportunités lui-même.
Il devient vite une référence dans son domaine et n’a peur de rien ni de personne.
3. Un homme investi de sa mission.
Le documentaire qui dure près de 2 heures montre un homme qui en tout temps et toute chose a toujours été clair sur une forme de mission ou de raison d’être. C’est ainsi que son rôle de « parrain » pour tous les noirs qui souhaitaient entrer dans le monde du divertissement s’est imposé.
Pourquoi ? Étant donné qu’il avait le don pour dénicher les affaires et identifier les opportunités, il ne se gênait pas pour aller vers elles. Il lui suffisait de se rendre compte qu’un tel ou un tel pouvait être beaucoup plus, et il n’hésitait pas à décrocher son téléphone pour l’appeler et lui proposer ses services.
Bien que dans ses propres termes, il s’agissait d’une nécessité, finalement il est devenu indispensable. Très souvent, son apport au uns et aux autres n’exigeait aucune contrepartie financière. Il faisait simplement ce qu’il avait à faire.
Cette aura était telle que lorsque quelqu’un se trouvait en situation difficile, il pouvait s’attendre même sans le demander, à recevoir l’aide de Clarence AVANT. C’est ainsi que P Diddy témoigne dans le documentaire. Quelques heures après l’assassinat de l’artiste américain Notorious BIG, Diddy était devenu l’une des cibles probables. Un coup de fil du parrain lui a permis d’avoir les ressources pour changer son itinéraire et quitter la ville incognito. Pour lui, sans cet appel, il aurait probablement été impliqué dans une fusillade et aurait soit perdu la vie, soit été impliqué.
L’homme lui-même décrit chacune de ses actions comme une nécessité. Il ne reconnaît même pas l’aspect généreux. Il dit avoir fait ce qu’il avait à faire.
4. Mission avant passion
L’exemple de Clarence AVANT m’a ouvert encore plus les yeux. Ceci était d’ailleurs consécutif à une discussion que j’avais eu avec un des mes amis chers Patrick PANDJA. Il m’a posé une question fondamentale sur ma relation aux autres et elle a agi comme une pile.
Je crois en effet que nous savons toujours ce que nous avons à faire, mais parfois nous ne réalisons pas à quel point c’est nécessaire de le faire, ni quelle est la bonne manière.
Mon propre parcours vers la compréhension de ma mission personnelle a été long. J’ai plusieurs fois cru que je savais, que j’avais compris (et lorsque j’y croyais je l’ai partagé ici sourire). Toutefois, j’avais toujours au fond une forme de vide.
Ce vide profond se manifestait notamment par une tendance à me comparer à d’autres, mais même de manière extrême, même quand il s’agissait d’amis. Je voyais toujours moins en moi et plus en eux.
Cette sensation de vide se manifestait aussi par des passions très souvent passagères : exemple, je pouvais écrire ici tous les jours pendant trois semaines, puis disparaître pendant des mois. Je commençais tel ou tel projet, je l’écrivais super bien, mais dès que je commençais à le réaliser, je m’ennuyais.
Le résultat, des réalisations dont je ne comprenais pas moi-même la portée et que j’étais la première à remettre en question. J’avais certes progressé sur le chemin de l’amour de moi, mais je n’avais pas atteint le maximum sur le sens de la présence de ce moi sur Terre.
Ce manque nous rend toujours à la recherche d’attention, de mentions et comme découragés lorsque ça n’arrive pas. Ainsi, on ne fait pas ce qu’on a à faire, on fait ce qui nous plait à un moment donné jusqu’à ce qu’on ait envie de passer à autre chose.
On est donc passionné, mais on est aussi en attente de reconnaissance. On regarde vers l’extérieur plutôt que de regarder à l’intérieur.
5. La mission crée la passion et ouvre les voies
L’exemple de Clarence Avant m’a donc permis de me convaincre pleinement que la passion ne vient pas en premier. On peut être passionné de plusieurs choses en même temps ou à différents moments de nos vies. Toutefois, lorsqu’on a le « pourquoi » en tête, les moyens sont une évidence.
Clarence Avant a commencé sa carrière dans l’industrie du divertissement mais son rôle de faiseur de rois, a aujourd’hui de l’impact jusque dans le monde politique. Il est une éminence grise au sein du parti démocrate, et qu’on soit noir ou blanc, son support peut être essentiel pour se hisser au plus haut.
De ce fait, tout ce qu’il touche et a touché, quelque soit le domaine, est devenu de l’or.
En ce qui me concerne, depuis que je sens que mes actions sont alignées avec une mission claire, elles ont tout de suite plus d’impact. Je n’attends plus cet impact comme une belle récompense car je fais ce que j’ai à faire. Ma seule vraie récompense est la paix qui s’inscrit en moi quand je sais que j’ai terminé une journée exactement comme je devais la terminer.
Il n’y a rien de comparable au sentiment permanent que si notre vie devait s’arrêter à l’instant, nous serions en paix. Dans le documentaire, Clarence Avant a d’ailleurs manifesté la même forme de paix. Il sait qu’il a fait ce qu’il devait et n’a pas peur de partir.
6. Je sais qui je suis, donc je suis libre
La liberté est le plus beau cadeau qu’on obtient lorsqu’on sait ce qu’on est venu faire. On ne se définit plus en fonction des convenances, des statuts ou des normes. Mr. AVANT, est hors-norme dans une société qui a très souvent voulu mettre les noirs dans une espèce de boîte. Il se sent bien partout et avec tout le monde.
Quand on fait ce qu’on a faire, on n’a pas peur de le faire. Un ami me disait il y a quelques semaines qu’il avait la sensation que j’étais différente, plus joyeuse. Une autre personne me demandait hier sur Facebook, le secret de mon visage juvénile. La réponse est simple : je vis pleinement ma mission.
Je suis qui je suis car c’est cette personne que je dois être pour aller là où je dois aller. Je suis consciente dans mes réactions qu’il y a encore des portes à ouvrir, des masques à briser. Toutefois, je n’ai plus aucune peur et je sais que j’y arriverai. Pourquoi ? Car c’est nécessaire et probablement prévu.
Chaque nouvelle porte que j’ouvre en moi-même, me fais juste sourire lorsque je vois le chemin vers lequel je me dirige. Je ne sais pas si j’atteindrai les toits du monde, mais j’ai la certitude que si c’est ma mission, elle m’y conduira.
En conclusion, si nous devions définir notre vie « idéale », la question à se poser ne devrait pas être « qu’est-ce que j’aime ? » mais plutôt « pourquoi suis-je là ? ». La deuxième question vous procurera à coup sûr, un bonheur tout aussi important que de faire ce que « vous aimez ».
Love, Anna.
Texte généreux. Questionnement pertinent. À vous lire, tout semble reposer sur la foi, et non sur le sens. L’intuition est ici suprême, et on s’y abandonne avec la certitude que tout concourre afin que s’accomplisse la perfection.
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La foi et l’intuition en effet sont au cœur de tout ☺☺☺, très belle analyse. Merci pour le retour et la très belle contribution.
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