J’ai souvent entendu autour de moi, être franc-maçon ce n’est pas si grave que ça.
De même, j’ai écouté plusieurs m’expliquer qu’au final c’était juste un courant de pensée comme un autre et que si on le définissait comme secte, on devait se rappeler que le Christianisme avait lui aussi été appelé secte aux premières années de l’Eglise.
Mon esprit et mon coeur ont toutefois toujours rejeté ces associations et j’ai toujours ressenti une incompatibilité profonde avec l’ordre maçonnique bien avant que je m’y intéresse.
L’association embellie avec l’Ordre des Templiers souvent romancée comme une épopée lyrique et encourageante (notamment dans les écrits de Christian Jacq, romancier historique français que je découvre maçon 😭😭), pouvait donner la sensation que c’était juste un ordre de chevaliers des temps modernes.
De même, l’extrême occulte et dangereuse qu’on présente souvent en Afrique comme caractéristique de cet ordre pouvait aussi paraître un peu tirée par les cheveux et somme toute excessive.
Si j’apprends à ne pas juger ce que je ne connais pas, je sais aussi me donner l’opportunité d’apprendre et c’est ainsi que je suis tombée sur le livre de Maurice Caillet intitulé « J’étais franc-maçon » dont je vous partage ci-dessous la revue.
I. Qui est l’auteur?
Maurice Caillet était un chirurgien de profession, qui a passé quinze ans au sein de la Franc-maçonnerie et dix ans au sein de la Rose-croix. Il a été en effet membre actif du Grand Orient de France, avant de quitter l’ordre et de se convertir au catholicisme. Suite à sa conversion, il écrira de nombreux livres jusqu’à son décès en 2021
II. De quoi parle son livre?
Tout comme le titre l’indique, « J’étais franc-maçon » est un récit autobiographique des circonstances de l’intégration de Maurice Caillet dans la franc-maçonnerie, et de son vécu au sein de cette institution jusqu’à son départ effectif, et son cheminement progressif vers la conversion .
De par le caractère descriptif de son œuvre, il évoque de manière précise le fonctionnement de la franc-maçonnerie, sur la base de son expérience et édifie le lecteur attentif que j’ai été à la compréhension de cet univers, et de ce qui peut attirer en apparence les uns et les autres à l’y rejoindre.
J’ai beaucoup aimé la manière inattendue et peut-être inaperçue a priori dont il décrit l’impact de la pensée maçonnique sur l’évolution de la société française. Cet impact est entre autres visible dans la construction et l’établissement de certaines lois françaises qui sont considérées comme des symboles dans le monde entier de liberté et d’avancement social. Je fais par exemple référence ici à la loi dite Veil du nom de sa promotrice « Simone Veil » et qui est restée célèbre pour avoir dépénalisé l’interruption volontaire de grossesse en France.
J’ai réalisé à la lecture de ce témoignage et ce en tant que chrétienne que nous prenons pour acquis l’impact d’un être humain au sein d’une société. Or, il était particulier de constater comment d’autres se lient ensemble au travers d’échanges inconnus du plus grand nombre pour instaurer leur vision du monde de par leur position politique ou sociale.
En effet, cette loi sur l’IVG et plusieurs autres ont été discutés et promues dans des cercles maçonniques avant d’être présentés aux députés qui pouvaient les pousser puis votées à l’Assemblée Nationale.
Ainsi, les femmes aujourd’hui s’affirment libres grâce à Simone Veil pour une loi qui a été conçue et pensée par des hommes, et non à l’instigation de cette dernière.
C’est un des multiples exemples mentionnés dans le livre. De plus, au-delà de nous proposer ces liens entre maçonnerie et raison d’état, Monsieur Caillet nous permet d’entrer dans son univers de pensée et permet ainsi pour un profane de comprendre comment on peut être recruté dans ces cercles et comment on les rejoint sans se poser de questions.
Il a par exemple montré que pour ceux des maçons qui restent pendant de longues années, à des niveaux hiérarchiques faibles, l’affiliation à cet ordre se limite à de bons échanges entre frères et à une forme d’apprentissage spirituel a priori sans risques.
III. Témoignage de foi et récit scientifique
Je me permets d’évoquer les raisons pour lesquelles j’ai décidé d’ouvrir ce livre. Je suis depuis quelques années (2022) devenue chrétienne catholique en ayant été auparavant protestante.
Dans le cadre de l’église au Cameroun, où je vis, je me suis rendue compte que plusieurs chrétiens fervents étaient parfois dans le secret des membres actifs de la franc-maçonnerie. Ne me demandez pas comment je le sais, ce n’est pas encore le sujet ☺️. J’ai constaté aussi dans des échanges que de nombreux hommes de ma génération ou un peu plus, estiment qu’on en fait un peu trop dans le jugement de cette institution. Ayant moi-même flirté de loin et sans le vouloir avec cette organisation du fait de mon appartenance pendant plusieurs années à une certaine association caritative, j’avais besoin de mieux comprendre.
On me reproche parfois dans mon entourage proche, d’être avide de connaissances et j’hésitais depuis quelques temps à lire des ouvrages maçonniques, de peur de me retrouver attirée sans bien le comprendre. En tombant sur la quatrième de couverture de l’oeuvre de Maurice Caillet, j’ai compris que j’avais ce qui me fallait. Un livre qui expliquait ce qu’était la franc-maçonnerie du point de vue de quelq’un qui l’a expérimenté et en même temps qui me permettrait de comprendre son inadéquation avec la foi chrétienne.
C’est le pari relevé avec élégance par Monsieur Caillet. Il nous raconte les fondements spirituels de son entrée dans la franc-maçonnerie, son intérêt pour l’occultisme en général, son rejet de la religion issu de son éducation et de sa recherche de sens et de communauté.
Ses interrogations vers une sortie seront le fruit d’une épreuve subie de la part d’un ami et frère maçon et de ce que j’appelle à observer dans mes lectures comme le hasard de Dieu. Je désigne ainsi cette façon inattendue que Dieu a de changer le chemin que nous avions pris pour nos vies et d’agir sans rien nous demander. C’est presque comme s’il interrompait la suite de notre vie pour nous inciter à le VOIR, l’ENTENDRE ou l’EXPERIMENTER.
C’est ainsi que Maurice et sa femme Claude vivront leur expérience de foi.
Ce livre est de même un récit scientifique, la conséquence du statut de chirurgien de son auteur. Les détails sont précis. Les scènes sont racontées sous un angle descriptif et on arrive presque à vivre les sensations physiques ressenties par l’auteur. La raison et les fondements bibliques ou théologiques sont mentionnés à plusieurs reprises pour étayer des points, de même que des éléments de recherche historique.
C’est un cadeau que d’apprendre avec autant de précision et de vitesse.
Conclusion
Maurice Caillet est agréable à lire. Il nous encourage à nous questionner, tout en posant des faits objectifs qui peuvent nous inciter à plus de recherches. Son livre n’en reste pas moins un témoignage que certains pourront challenger en tant que sceptiques. Cela en fait à son sens toute sa beauté. En effet, un récit autobiographique est toujours une rencontre avec l’autre et la rencontre ne peut pas être lisse. S’il ne nous interroge pas, l’auteur aurait à mon sens raté sa mission.
Que vous soyez maçon ou pas, chrétien ou pas du tout, athée ou intéressé, mais que vous vous posez des questions sur le sens de la vie, ce livre ne vous laissera pas indifférent. Bonne lecture et n’hésitez pas à partager ici vos commentaires et vos retours d’expériences.
La bise,
Anna❤️
