Pour toi, que signifie violence éducative?


Je sais d’ores et déjà que l’article du jour ne me vaudra pas des amis. Dire non à la violence éducative, est plus fort, que ce que la masse pense. Alors j’écris!

Depuis quelques semaines, ces réflexions tournent en boucle quelque part à l’arrière de mon cerveau. J’ai beau les mettre de côté, elles reviennent prendre une place que personne ne leur a donné. De ce fait, et comme souvent, j’ai préféré écrire.

De la violence à deux vitesses

Dans l’éducation que j’ai reçue et dans celle de nombreux enfants de par le monde d’ailleurs, la violence est un fait banal. Le mot “violence” est un mot qui dérange en général. On n’aime pas l’utiliser, mais admettons-le. Lorsqu’un adulte crie sur un autre adulte, il est considéré comme violent. De même, lorsqu’un adulte insulte un autre adulte, il est perçu comme mal élevé. Au maximum, lorsqu’un adulte frappe ne serait-ce qu’une petite gifle, il est considéré comme extrêmement violent.

En tant que femmes, nous nous plaignons chaque jour de la violence que nous subissons dans la société. Les insultes, les mots inappropriés, la violence physique mais nombreuses sommes-nous qui une fois maman, devenons des expertes en violence.

Ainsi dans la société, le mot violence lorsqu’il s’agit d’actes infligés à un enfant, a été remplacé par “éducation”, “correction”. Un parent, un éducateur qui frappe un enfant le corrige. De la même façon, un parent ou un éducateur qui crie sur un enfant, l’insulte, ne fait que le corriger, lui donner des outils de correction, l’empêche de devenir un délinquant, s’assure qu’il reste sur le droit chemin.

Dans ses mêmes sociétés (l’Afrique n’est vraiment pas une exception), lorsqu’ entre adultes on n’est de ceux qui ne font pas généralement la bise, on est vu d’un mauvais œil. Mais un parent qui ne fait pas de câlins à ces enfants, est juste strict. On le comprend. Un parent qui ferait des câlins à ces enfants adolescents est vu comme un parent qui gâte ses enfants. De même, porter son enfant qui marche déjà, ce n’est pas partager des moments d’affection, c’est le gâter.

Vous me trouverez excessive, méchante même peut-être. Mais tenez vous prêt, on continue.

Des règles de politesse à sens unique

Un adulte qui interrompt son interlocuteur est très impoli. Par contre, un parent qui interrompt son enfant, fait simplement preuve d’autorité. Un adulte qui oblige un autre adulte à faire ce qu’il a décidé, est un dictateur. Un adulte qui oblige son enfant a faire ce qu’il a décidé ne fait que lui montrer la bonne voie.

En somme, dans notre système de valeurs, la politesse n’est pas due aux enfants, mais nous souhaitons leur apprendre à être des adultes polis en grandissant. Nous leur apprenons le silence, très souvent le manque de capacité à exprimer leurs idées, parfois la servilité et l’incapacité de réfléchir par eux-mêmes. Excessif, oui très certainement, c’est volontaire.

Quel est le point finalement?

La violence est au cœur de l’éducation telle que nous la connaissons et nous l’avons vécu pour la plupart. De ce fait, pour la plupart, nous la reproduisons sans même nous poser de question. Crier sur son enfant, au lieu de lui parler doucement est normal. Gifler, taper son enfant est normal. Ne jamais prendre la peine de l’écouter jusqu’à la fin, oui c’est aussi normal. Lui imposer nos vues sans jamais ouvrir l’espace au dialogue, sans expliquer, c’est normal.

Il n’y a d’ailleurs que dans le cadre de l’éducation des enfants qu’on considère la violence comme une preuve d’amour.

En tant que maman, j’ai tout cela en horreur. De temps à autre, j’entends des petites phrases du genre “tu la laisses faire ce qu’elle veut”, “tu dois lui imposer”, “pourquoi tu la portes?”, “laisses-là pleure”, “ignores-là”.

A ces phrases, j’ai appris à ne pas répondre. Je fais simplement ce que je pense être juste et meilleur: éradiquer volontairement toute forme de violence dans l’éducation de ma fille. Elle n’est pas gâtée, je ne lui dis pas oui sur tout. Elle fait des colères parce qu’à moins de deux ans, on ne comprend pas encore pourquoi on n’a pas droit aux choses. Je lui explique simplement parce qu’elle m’entend. Elle ne comprend pas tout mais elle m’écoute, elle écoute mes sentiments, elle écoute mes intonations.

S’il est possible de parler, de construire notre enfant dans le ventre en lui parlant tout au long de la grossesse, pourquoi faire différemment lorsqu’il naît. J’ai toujours été très surprise de la charge d’amour que nous manifestons pendant la grossesse (père comme mère) mais de la facilité avec laquelle la violence est banalisée lorsque l’enfant naît. L’éternelle justification: c’est pour son bien. Ce qui m’hérisse c’est que c’est comme si nous dénions à nos enfants, leur statut d’être humain. Un enfant est avant tout un être humain, une créature divine. Ils nous sont prêtés par Dieu. Ils ne nous appartiennent pas et ne sont pas là pour nous servir ou nous ressembler.

Je crois fondamentalement que la violence éducative part aussi de là, vouloir bâtir des êtres humains qui seront formés dans le même moule. Toutefois, j’ai envie de poser cette question à chaque parent: qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez votre père ou votre mère? Quelle est cette qualité que vous leur enviez secrètement? Comment vous l’ont-ils transmise? Par l’inspiration ou par la violence? La passion de la cuisine de votre mère, vous l’a t-elle transmise par la violence? Le goût des mathématiques de votre père vous a t-il été transmis à coups de canne?

Ce que nous prenons de nos parents, nous vient de mon humble avis de ce que nous voyons faire, de la façon dont ils le font, et du bonheur que ça leur apporte. Je crois à la force de l’exemple, des émotions positives et surtout de l’amour!

L’amour guérit les peines, apaise les cœurs et construit l’âme. A ma fille et à mes futurs autres enfants (par la grâce), je veux léguer l’amour et la camaraderie. Je veux leur inspirer mes valeurs, pas le leur imposer. Je veux en faire de bonnes et belles personnes qui savent ce qu’elles veulent, et qui croient aux choses par conviction, pas par obligation.

S’il y avait moins de violence éducative, il y aurait moins d’adultes frustrés et un monde plus sain. Je crois qu’il est possible de faire différemment, de donner autre chose que ce qu’on a reçu. C’est un choix conscient et volontaire.

Moi j’ai choisi et vous? Si vous êtes arrivés jusqu’ici, faisons encore mieux, parlons-en. Un message, un partage, c’est une occasion supplémentaire d’ouvrir ce beau débat. Merci pour votre présence ici, sur Facebook ou Twitter.

Love, Anna♥

PS: Avec ma fille, je ne suis pas parfaite non plus. Des fois, je dérape, un mot plus haut que l’autre, de l’impatience, etc.. Mais dire non à la violence éducative, c’est un choix. Il permet de se relever et de faire différemment la plupart du temps.

13 thoughts on “Pour toi, que signifie violence éducative?

  1. Je suis tout à fait d’accord avec toi. Il ne faut évidemment pas laisser tout faire à un enfant et nous adultes sommes humains aussi. Mais j’ai vu dans mon entourage proche des enfants en apparence heureux à qui on interdit de parler, de rire, de dire pipi, de faire des blagues d’enfants, de crier, de pleurer. Par contre, on ne leur dit jamais rien sauf “dis s’il te plaît ” “dis merci” “dis bonjour” et surtout vas te coucher à 19h histoire qu’on ait la paix. Cela donne des adultes qui n’ont pas confiance en eux et qui veulent à tout prix reproduire le même schéma avec leurs enfants (en tout cas C’est ce que je vois dans mon entourage). Et puis il y a ceux qui ont bien analysé la situation et qui prennent le contre pied. Moi je dis à mes enfants que la plus grande des richesses c’est leur liberté d’esprit et ça ne plaît pas à ces personnes là. J’ai vu à l’église (j’y vais très rarement) des pères serrer le visage de leur bébé parce qu’ il voulait pleurer et sortir de l’église furieux parce que leur enfant aurait gêné. Ce monde et ces enfants sont pourtant magnifiques mais beaucoup de gens ne le voient pas et se comportent de manière écoeurante.

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    1. Eh oui. J’aime beaucoup tes exemples parce qu’au final, c’est exactement de ça que je parle. C’est juste fou. Mais j’ai espoir. Plus, nous sont nombreux, plus nous pourrons transformer le mode d’éducation.

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  2. Comme avec la plupart de tes textes que j’ai lu, j’ai aimé et je partage complètement. C’est cette violence dans l’éducation qui, à mon sens, tue même les réelles capacités et les rêves de certaines personnes. On se fend dans des développements personnels plus tard pour panser les plaies créées par ces enfances souvent violentes. Belle leçon en tout cas Anna!

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  3. Un thème qui me touche personnellement et qui réveille en moi une grande émotion.
    Très contente de lire que tous les africains ne croient pas à l’éducation par la violence. Mais ils te diront que tu es occidentalisée!! Malheureusement.
    Mon père dit toujours parlant de mon grand-frère un peu têtu: “si je ne l’avais pas fouetté, il ne serait pas où il est aujourd’hui “. C’est malheureusement comme ça que beaucoup pensent!!
    Merci pour cette plume! Ces écrits font plaisir.

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    1. Et oui, je viens d’ailleurs de l’observer dans un des commentaires sous mon article: il ne faut pas tout importer. Et comme je le disait, le pire c’est que la tradition ancestrale d’avant la colonisation n’est pas porteuse de cette violence. C’est la mauvaise interprétation de la Bible et la colonisation qui ramène la violence comme une loi dans nos sociétés. D’autant que du temps de nos ancêtres, les enfants étaient intégrés beaucoup plus tôt dans la communauté, et avaient des responsabilités qui les aidaient à se canaliser, en somme une éducation totalement différente. Tu as raison, c’est comme ça que beaucoup pensent et ils nous appartient d’essayer de faire différemment, chacun à notre niveau. Merci pour ton message qui est fort d’encouragement. Bises.

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